L’informatique a révolutionné de nombreux aspects de notre société, des affaires à l’éducation, en passant par la communication et même la linguistique. Au cœur de ce dernier domaine, un défi majeur se pose : la préservation des langues en voie de disparition, comme le breton et l’alsacien en France, ou le Ainu au Japon. Dans cet article, nous allons explorer comment l’informatique contribue à sauver ces précieux patrimoines linguistiques de l’oubli.
Les langues : un héritage culturel menacé
À travers le monde, une richesse incalculable de diversité linguistique est menacée. Des centaines de langues, parmi lesquelles le breton, l’alsacien, le basque et le corse en France, sont en voie de disparition. Ces langues, bien qu’ancrées dans l’histoire, les coutumes et la culture de leurs régions respectives, sont gravement menacées par le déclin du nombre de locuteurs, notamment parmi les jeunes générations.
Le danger qui pèse sur ces langues ne concerne pas seulement la perte d’un moyen de communication, mais également la disparition d’un patrimoine culturel inestimable. Chaque langue représente un mode de pensée unique et offre un aperçu précieux de la manière dont une communauté perçoit et interagit avec le monde.
Des organismes pour continuer à faire vivre les langues en danger

L’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) est l’une des principales institutions qui contribuent à la préservation linguistique. Elle reconnaît l’importance cruciale de la diversité linguistique pour le patrimoine culturel mondial et l’identité individuelle et communautaire. La promotion et la protection de ces langues est donc une partie essentielle de son mandat. Pour ce faire, l’UNESCO maintient un Atlas des langues en danger dans le monde. Cet outil interactif fournit des informations précieuses sur la diversité linguistique, y compris le nombre de locuteurs, les zones géographiques, et les degrés de vulnérabilité. L’Atlas contribue à sensibiliser le public à l’importance de la préservation linguistique et sert de guide pour les efforts de préservation linguistique à travers le monde.
Par ailleurs, la Fondation Sorosoro, basée en France, est un autre acteur majeur de la préservation linguistique. Elle a été créée en 2008 par la linguiste Rozenn Milin, avec le soutien du philanthrope Pierre Omidyar, fondateur d’eBay, dans le but de contribuer à la revitalisation et à la préservation des langues en danger dans le monde. Elle réalise des vidéos, des enregistrements audio, et d’autres types de matériel pour documenter les langues et leurs cultures. En plus de ces efforts de documentation, la Fondation travaille également pour promouvoir l’enseignement et l’utilisation de ces langues dans leurs communautés respectives.
L’informatique au service de la documentation des langues perdues
Grâce à un éventail impressionnant d’outils numériques, nous avons maintenant la capacité de capturer et de conserver l’essence de ces langues de manière plus exhaustive et accessible que jamais auparavant. Des technologies telles que l’enregistrement audio et vidéo numériques permettent de capturer la prononciation précise, l’intonation et d’autres nuances de ces langues. Ces enregistrements peuvent être stockés et partagés numériquement, créant des ressources durables et accessibles pour les chercheurs, les enseignants et les apprenants du monde entier.
Mais l’informatique ne s’arrête pas à la simple collecte de données linguistiques. Les outils de transcription automatique et de traduction alimentés par l’intelligence artificielle sont capables de transformer ces enregistrements en textes lisibles et traduisibles. Cette capacité de convertir le langage parlé en texte écrit offre un autre niveau de préservation et de partage de ces langues.
Le rôle de l’informatique dans la sauvegarde des langues
L’informatique a radicalement transformé notre façon d’aborder l’apprentissage et l’enseignement des langues. Au-delà de la simple documentation, ces outils numériques peuvent servir de vecteurs dynamiques pour la revitalisation des langues en danger.
De nombreuses initiatives ont exploité le potentiel de l’informatique pour créer des outils interactifs et engageants visant à encourager l’apprentissage et l’utilisation de ces langues. Les applications mobiles, par exemple, ont ouvert une nouvelle voie pour l’apprentissage des langues. Elles offrent une plateforme accessible et conviviale où les utilisateurs peuvent apprendre à leur propre rythme, où qu’ils se trouvent. Grâce à des fonctionnalités interactives, telles que les quiz, les jeux de mémoire, les dialogues enregistrés et même la reconnaissance vocale, ces applications rendent l’apprentissage des langues en danger à la fois amusant et efficace.
Les plateformes d’apprentissage en ligne sont une autre innovation rendue possible par l’informatique. Ces plateformes peuvent fournir des cours structurés, des vidéos, des enregistrements audio, des exercices interactifs et des forums pour l’apprentissage et la pratique des langues en danger.
Conclusion
La préservation des langues en voie de disparition représente un défi colossal, avec des implications profondes pour notre patrimoine culturel mondial. Chaque langue est en réalité une riche mosaïque de connaissances, de traditions et d’identités uniques. La perte d’une langue signifie alors la disparition d’une partie irremplaçable de notre histoire collective. Il ne s’agit pas simplement de préserver des mots et des grammaires, mais de sauvegarder la richesse culturelle, les perspectives uniques et les traditions que chaque langue incarne. Toutefois, les avancées récentes dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et de l’informatique quantique nous offrent un nouvel horizon pour la préservation linguistique. Les outils d’IA, désormais capables d’analyser et de traiter d’importants volumes de données linguistiques, constituent un levier puissant pour une compréhension plus profonde et une documentation plus complète de ces langues en péril.
Grâce à ces innovations technologiques, nous avons la possibilité d’assurer la pérennité de ces voix, de faire en sorte qu’elles ne s’éteignent pas, mais qu’elles continuent plutôt à résonner, à enrichir et à inspirer les générations futures.